Sébastien
Des histoires de succès en intervention, il s’en écrit tous les jours. Voyons celle-ci.
Sèb, 17 ans, est un bagarreur qui se promène en cachant sur lui un couteau bien affuté, pour se défendre.
Un jour il blesse gravement un autre jeune, c’était fatal. Après un temps d’arrêt, le tribunal lui impose une probation dite intensive : plusieurs interventions par semaine, dont au moins une entrevue individuelle d’une heure.
Sèb respecte scrupuleusement ses conditions de libération mais, en entrevue, il n’ouvre pas la bouche. Motus. Nous aurions pu le dénoncer et l’acculer à une sanction plus sévère. L’intervenante a choisi la persévérance.
Chaque entrevue s’allongeait sur toute son heure, de semaine en semaine, silence pendant des mois. Réalise-t-on ce qu’il a fallu de doigté, de respect, de constance pour faire ce qui semble inutile mais a fini par constituer un geste clinique d’une immense richesse… car c’est bien sûr l’ado qui a craqué, quand il a compris qu’il pouvait faire confiance à cette adulte tout simplement et totalement présente à lui.
Il avait la famille de toutes les tensions, nombreuses et violentes. Le jour de la graduation, l’intervenante était la seule adulte venue le féliciter. Sèb qui, au moment de son désarroi d’adolescent, fantasmait des vengeances sanglantes, n’a jamais récidivé.